Confrontés à une faible demande pour les véhicules électriques, les loueurs espèrent inverser la tendance grâce aux entreprises, qui peuvent désormais intégrer leur utilisation dans le parcours de verdissement de leurs flottes.
Si le marché de la location courte durée a repris de belles couleurs depuis la sortie du Covid, celui-ci connait encore des ratés pour les véhicules 100% électriques, loin d’être demandés par les clients, affaires comme loisir. La faute à des peurs concernant l’autonomie, la durée et les tarifs de recharge… Les véhicules thermiques demeurent ainsi plébiscité pour les longues distances. « La demande n’est pas au rendez-vous par rapport au pourcentage d’électrification de nos flottes qui avoisine les 3% actuellement. Ce chiffre était précédemment supérieur, mais nous avons réduit nos achats en 2024 », confie Guirec Grand Clément, le président de la branche mobilité partagée de Mobilians et DG d’Enterprise Mobility France. Et de rappeler que les loueurs sont soumis depuis 2019 à la loi d’orientation des mobilités (LOM) qui impose une trajectoire de verdissement des flottes aux entreprises disposant de plus de 100 véhicules.
« Le taux d’utilisation d’un véhicule thermique s’élève à 75% alors qu’il tombe à 47,5% pour un véhicule électrique, ce qui n’est pas viable économiquement pour les loueurs» , pointe-t-il. Il est à noter que les véhicules Tesla sont encore les plus faciles à mettre sur les routes. « Ses locataires sont à l’aise avec ce véhicule, car ils possèdent souvent une Tesla dans leur garage », justifie Agnès Parmentier, vice-présidente de la branche mobilité partagée et DG de Leriche Location.
Pour ces professionnels, la moindre utilisation des véhicules électriques est proche de la double peine puisqu’ils restent plus chers à l’achat et affichent une valeur résiduelle inférieure comparé aux modèles thermiques lorsqu’ils sont revendus, au bout de neuf mois environ. Ce sujet, comme la nécessité de stimuler la demande de véhicules électriques auprès des locataires, furent donc au cœur des Rencontres de la Mobilité Partagée qui se sont déroulées le 25 mars au Pavillon Royal à Paris.
Encourager les sociétés à utiliser plus de véhicules électriques
Le projet de loi de finances 2025 devrait toutefois apporter un sérieux coup de pouce aux agences de location hexagonales. En effet, celui-ci prévoit que, depuis le 1er mars, la location courte durée de véhicules électriques (et d’hybrides rechargeables) peut désormais être comptabilisée dans le reporting annuel des entreprises en matière de verdissement de leur flotte. « C’était un combat de Mobilians et nous considérons cet amendement comme une petite victoire, se félicite Guirec Grand Clément. La location courte durée de véhicules électriques devient ainsi un levier pour permettre aux entreprises soumises à la taxe incitative d’accélérer le verdissement de leur flotte ».
Dans les faits, cette comptabilisation au même titre que les véhicules électriques présents dans leur flotte ou utilisés lors de locations longues durées pourra en effet leur éviter une amende de 2000€ par an pour chaque véhicule vert manquant dans leur trajectoire de verdissement, pénalité qui devait grimper à 4000 puis 5000€ dans les années à venir. « Cela n’est pas anodin pour de grands groupes aux parcs conséquents. Ce point est surveillé de près par le gestionnaire de la flotte », assure Guirec Grand Clément.
Alors que les entreprises représentent 50% de la clientèle des loueurs, ces derniers entendent tout faire pour accroître l’utilisation de leurs voitures électriques. « Nous investissons dans la promotion marketing, l’équipement en bornes de recharge dans nos agences, la formation de nos collaborateurs… », détaille Jehan de Thé, vice-président de la branche mobilité partagée de Mobilians et directeur des Affaires publiques du groupe Europcar. Et d’ajouter : « Nous devons faire de la pédagogie auprès des entreprises et communiquer sur ces nouvelles règles via nos équipes et commerciaux. D’autant qu’il n’est pas rare que le responsable du business travel n’échange pas avec le responsable de la flotte au sein des sociétés, ce qui n’est pas fait pour nous aider ».
L’enjeu est d’autant plus important pour les loueurs qu’un voyageur d’affaires peut se faire imposer par son entreprise le choix d’un véhicule électrique dans le cadre de sa politique voyage, alors que cela n’est pas le cas pour un locataire loisir. « Heureusement, nous avons des entreprises très volontaires pour verdir leurs déplacements. Cette politique est directement impulsée par le management », se rassure-t-il. En travaillant également le segment loisir, les membres de la branche mobilité partagée de Mobilians espèrent ainsi atteindre un taux d’utilisation de ces véhicules de 60 à 65%.
D’autres éléments devraient par ailleurs améliorer le bilan avec des prix des véhicules en baisse et des temps de recharge optimisés. Pour que le marché redécolle, il faut également que davantage de visibilité et de transparence soient apportés dans les tarifs de recharge et plus particulièrement sur les autoroutes. Tarifs qui peuvent, de plus, varier en fonction des vitesses de recharge.
Source : https://www.voyages-d-affaires.com/