IdeaWorksCompany, un cabinet de conseil qui analyse les recettes annexes des compagnies aériennes, et CarTrawler, fournisseur mondial B2B de solutions de location de voitures et de mobilité pour l’industrie du voyage, ont dans une étude récente estimé que les recettes annexes des compagnies aériennes avaient atteint 117,9 milliards de dollars dans le monde en 2023.
Cette estimation mondiale de CarTrawler estime notamment que les seuls forfaits bagages ont généré 33,3 milliards de dollars. L’analyse a porté sur une liste de 122 transporteurs aériens. Ces 33 milliards se répartissent entre les bagages enregistrés en soute, les frais supplémentaires pour les bagages lourds et extra-larges, et les frais d’enregistrement des bagages de cabines les plus volumineux.Commentant ces résultats, Aileen McCormack, Chief Commercial Officer chez CarTrawler, a déclaré : « L’étude CarTrawler Global Estimate of Baggage Fee Revenue met en évidence les changements de paragdime pour les sources de recettes des compagnies aériennes. Autrefois, les forfaits bagages étaient la principale source de recettes supplémentaires. Aujourd’hui, les forfaits sont à part égale avec les revenus des sièges assignés. Ce qui reflète l’évolution des comportements des consommateurs », analyse-t’il.
Les recettes bagages ont, en effet, atteint un record absolu l’an passé, dépassant les recettes bagages de l’année 2019. Ces dernières s’établissaient alors à 29,2 milliards de dollars.
Les frais pour le premier bagage enregistré sont devenus une source régulière de revenus pour les compagnies aériennes en Europe, en Amérique du Nord et en Amérique latine. Les passagers doivent désormais payer pour leur bagage enregistré sur les tarifs économiques de base.
L’Asie et l’Afrique échappent – pour le moment – à ce phénomène dans leur grande majorité. Sur les compagnies low-cost, les frais de bagages sont généralement facturés à tous les passagers.
Les redevances pour les bagages enregistrés sont d’abord apparus comme une nécessité économique pour les compagnies aériennes traditionnelles suite à la flambée des prix du carburant lors du choc pétrolier en 2007 et 2008. Aux Etats-Unis par exemple, les compagnies aériennes ont d’abord décidé de n’offrir plus qu’un seul bagage en franchise au lieu de deux. Puis de facturer tout bagage enregistré. Cette solution a été adoptée par presque toutes les compagnies aérienne –Southwest excepté.
Les consommateurs ont réagi à l’imposition de frais sur les bagages en soute en voulant transporter plus de bagages en cabine. Avec l’idée d’éviter des frais supplémentaires.
La réponse ne s’est pas faite attendre. Les compagnies aériennes ont lancé des mesures de plus en plus restrictives sur les bagages en cabine depuis une décennie. De nombreux transporteurs limitent les bagages à main à 7 kg et autorisent un article personnel supplémentaire tel qu’un sac à main ou un sac de voyage qui peut se glisser sous le siège.
Une formule efficace qu’adoptent aussi les transporteurs réguliers en offrant un tarif aérien sans bagage. En durcissant les conditions de base, beaucoup de transporteurs espèrent que les passagers finiront par prendre un tarif plus onéreux, intégrant une option bagage.
Les passagers vont d’ailleurs continuer de payer de plus en plus pour leurs bagages. Le coût à l’unité continue d’augmenter aussi bien en soute qu’à bord. United vient par exemple d’augmenter de 5$ ses frais de bagages fin février. Sans parler des coûts exorbitants souvent appliqués à tout bagage supplémentaire. Seul espoir au moins pour les passagers européens. Une législation de l’UE pourrait mettre un terme à la taxation de certains bagages en cabine. Affaire à suivre.
Une grève en forme de chant du cygne ? Ce mouvement social est en effet liée à l’adoption par l’Assemblée Nationale d’une loi visant à mieux anticiper l’ampleur des grèves et ainsi d’éviter des annulations de vols à titre préventif. Une proposition de loi avait été déposée en ce sens le 1er mai 2023 – une date sans doute symbolique – par le sénateur Vincent Capo-Canellas, du groupe Union Centriste. Passée en première lecture au Sénat à la mi juin, elle vient d’être adoptée par la chambre basse le 15 novembre dernier. D’où l’ire de certains syndicats comme la CGT ou Force Ouvrière, qui sont minoritaires au sein des contrôleurs aériens, mais à la source d’importantes perturbations.
« Entre les grèves à répétition ne comportant qu’un très faible nombre de grévistes et la gestion irresponsable de la journée du 11 février 2023, l’exposition de la profession fut sans précédent » en 2023, a commenté le Syndicat national des contrôleurs du trafic aérien. Un syndicat majoritaire qui juge que « le système actuel, instrumentalisé par d’autres organisations syndicales, est à bout de souffle ». « Un système asymétrique » facteur de « désorganisation du service public », a déclaré le ministre des Transports Clément Beaune devant l’Assemblée.
En effet, jusqu’à maintenant, les syndicats des contrôleurs aériens avaient l’obligation de déposer un préavis de grève cinq jours à l’avance, sans que les grévistes n’aient à faire part individuellement de leur participation au mouvement. A la différence des autres professions du transport aérien – personnel navigant, assistants d’escale – qui sont tenus de se déclarer gréviste au regard de la loi Diard de mars 2012. De ce fait, sans pouvoir évaluer le nombre exact de grévistes, la DGAC était conduite à annuler des vols de façon massive et préventive, en décalage avec le nombre réel de grévistes au final.
D’autant que ces perturbations du contrôle aérien ne touchent pas seulement les vols domestiques mais également les lignes aériennes survolant la France. Eurocontrol note ainsi que « 30 % des vols quotidiens en Europe ont été potentiellement impactés par les mouvements sociaux en France cette année ».
Une fois la loi entrée en vigueur, la DGAC pourra adapter ces annulations à l’ampleur réelle de la grève tout en informant les compagnies aériennes et les passagers plus précisément sur le nombre de vols touchés. La France y perdra-t-elle son titre de championne d’Europe pour les retards dus aux grèves du contrôle aérien ? A l’approche des Jeux Olympiques, les compagnies comme les voyageurs en acceptent certainement l’augure.