Les ETA (Electronic Travel Authorization) deviennent la nouvelle norme pour voyager. L'Australie fut la première à lancer cette formalité, suivie par les Etats-Unis, le Canada, ou encore Singapour et bientôt le Royaume-Uni pour les Européens. L'UE est sur les rangs, mais rencontre des difficultés.
C’est devenu la nouvelle norme pour les voyageurs ayant la possibilité de se rendre dans un pays sans visa particulier : l‘Autorisation de Voyage Electronique (Electronic Travel Authorization). Ce formulaire en ligne permet à l’autorité du pays réceptif de stocker des données sur un voyageur, l’ETA remplaçant en quelque sorte la fiche qu’un voyageur devait remplir avant d’entrer dans un pays dans le passé.
L’ETA s’apparente donc à une autorisation d’entrée. Avec la facilité de tout remplir électroniquement depuis chez soi ou son bureau. Et de passer en quelques minutes les frontières à l’arrivée muni généralement d’un QR code généré par l’ETA.
La France en tête des passeports passe-partout
Cette souplesse de formalité est généralement réservée aux voyageurs exemptés de visa. Néanmoins, certains pays – comme par exemple le Cambodge – exigent désormais d’avoir cette autorisation avant l’arrivée sur son sol, visa ou pas, tandis qu’au Kenya comme au Sri Lanka, l’ETA correspond de fait à un visa. Une curiosité néanmoins pour le Mexique : dans les aéroports, les voyageurs français obtiennent bien leur visa – gratuit – à l’arrivée ainsi qu’un Formulaire Migratoire Multiple (FMM) électronique. Généré automatiquement, il devra cependant être imprimé pour tout passage par une frontière terrestre.
Les législations variant grandement d’un pays l’autre, il est donc indispensable de bien regarder quelles sont les règles d’entrée sur le territoire de destination. Les compagnies aériennes envoient généralement des messages rappelant quelles sont les formalités obligatoires. Sur le site du ministère des affaires étrangères et européennes du gouvernement français, une page dédiée aux formalités fournit toutes les mises à jour.
Un modèle qui se multiplie à travers le monde
Jusqu’à présent, les voyageurs d’affaires européens devaient surtout remplir une ETA pour l’Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada) ou pour la zone pacifique (Australie et Nouvelle-Zélande).
L’Australie a été le premier pays au monde à lancer une ETA. Les premiers tests débutèrent en 1996 avec Singapour. La pratique s’est généralisée à partir de 2001. L’Australie applique ainsi deux types d’ETA. Celui pour les ressortissants de l’Union Européenne est le plus simple. Appelé Evisitor, il est gratuit et délivré en ligne en généralement 24 heures.
Le modèle australien a été suivi depuis une dizaine d’années par les pays suivants : Cambodge, Canada, Corée, Etats-Unis, Kenya, Malaisie, Nouvelle-Zélande, Seychelles, Singapour et Sri Lanka. En 2024, la Malaisie et le Cambodge ont rendu obligatoire l’obtention d’une autorisation électronique de voyage pour les voyageurs européens. En 2025, Israël, Royaume-Uni et Thaïlande introduiront à leur tour une ETA pour les visiteurs exemptés de visa ou bénéficiant d’un visa gratuit.
Pour le Royaume-Uni, le programme UK-ETA devient universel dès janvier 2025 après avoir été testé depuis un an avec certains ressortissants du Golfe. Cette formalité concernera 49 pays mais elle se fera graduellement.
Si les citoyens du Canada ou des Etats-Unis devront obtenir une ETA avant leur arrivée dès le 8 janvier, les citoyens de l’Union Européenne sont tranquilles jusqu’au 2 avril. A cette date, ils devront – Irlande exceptée – se munir aussi de la fameuse autorisation. Il en coûtera 10 £, sera délivré en un maximum de temps de trois jours et aura une validité de deux ans. Cependant, tout changement de passeport impliquera une nouvelle demande.
Les déboires de l’ETIAS et de l’EES en Europe
L’Europe travaille également sur l’introduction à la fois d’un visa et d’une autorisation préalable de voyage électroniques. Elle concerne les ressortissants autres que ceux de trente pays européens (26 Etats de l’UE + l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse). En gestation depuis 2016, l’ETIAS devrait faciliter les entrées sur le territoire de l’Europe et sera valable trois ans.
L’autorisation préalable ETIAS se double cependant de l’EES. Il s’agit dans les faits d’un système d’entrée/sortie informatique automatisé, installé pour renforcer les frontières externes européennes. Il remplace en fait le coup de tampon sur le passeport. L’EES compte des données enregistrées dans la base ETIAS, le document de voyage utilisé, ainsi que la date et le lieu d’entrée et de sortie.
Le système servira surtout à mieux contrôler les mouvements migratoires. Il enregistre en effet les ressortissants de pays tiers chaque fois qu’ils franchissent les frontières extérieures des pays européens participant à l’ETIAS. L’EES sera automatique, et ne demandera aucune formalité supplémentaire au voyageur.
Idéaux dans leur conception, les deux programmes se heurtent pourtant depuis le début à des problèmes techniques. Mais aussi parfois aux atermoiements des pays impliqués dans ce système. Aussi l’ETIAS-EES a été repoussé au moins à 5 reprises depuis sa potentielle mise en place en 2021. Non seulement des difficultés techniques impliquant des défaillances des systèmes, mais aussi la protection des données, des problèmes dans la mise en place de l’EES, ont repoussé le lancement.
Prévu en juin 2024, la France a réussi à obtenir un délai supplémentaire avec la tenue des Jeux olympiques. Le lancement avait été alors reporté au 10 novembre. On a appris depuis que ce ne serait pas avant la mi-2025. Il semblerait qu’il continue d’y avoir des incompatibilités entre les systèmes de données de l’ETIAS et de l’EES…
Les ETA sont l’avenir du voyageur
Si les ETA sont bien synonymes de simplification des formalités de voyages, le tout digital peut tourner parfois au casse-tête. La semaine dernière, les passagers se rendant aux Etats-Unis depuis l’Europe ne pouvaient produire leur autorisation d’entrée sur le territoire américain à cause d’une panne du système. Panne qui a duré deux heures. Le site ESTA annonçait du reste une maintenance de nouveau le 13 novembre entre 7 heures et 9 heures du matin heure européenne. Coup de chance: peu d’avions partaient pour les Etats-Unis depuis l’Europe à ces heures-là !
L’ETA pour le « voyageur digne de confiance » au Japon
On l’appelle le Trusted Traveler Program au Japon. Lancé en 2020, ce programme est dédié aux voyageurs « dignes de confiance » selon des critères définis par les autorités japonaises. Par « digne de confiance », le Japon considère les ressortissants de pays exemptés de visa venant pour un court séjour. Et qui n’ont jamais commis d’acte illégal ou illicte au Japon, ayant entraîné une amende, injonction ou expulsion du pays.
S’y ajoutent également l’un des critères suivants: -Etre responsable au sein d’une entreprise ou être employé à plein temps dans le cadre d’un déplacement d’affaires.
- Etre un touriste avec une carte de crédit platinum d’une institution reconnue (Amex ou BNP Paribas par exemple).
- Etre un membre de famille d’un touriste ou d’un voyageur d’affaires tels qu’identifiés dans les phrases précédentes.
- Faire partie des citoyens américains membres du Global Entry Program des services de l’immigration et des frontières des Etats-Unis.
Quelle est la récompense, une fois les formalités d’enregistrement au programme accomplies pour le « Trusted Traveler »? La possibilité d’utiliser les passages automatiques de frontières dans tous les aéroports du pays sans tampon pendant une durée de trois ans grâce à une carte délivrée par les autorités. Le jeu en vaut-il vraiment la chandelle?
Source : https://www.voyages-d-affaires.com/